Crépuscule est un court-métrage d’animation image par image (stop motion) poético-gore largement inspiré par le butô japonais. Un groupe de créatures vit en symbiose avec son environnement. L'arrivée d'un couple d'êtres humains brisera leur existence à jamais. FanTasia 2011 : Mention du jury animation pour ‘’Audace et représentation de la sexualité dans le cinéma d’animation’’ Écrit et réalisé par Éric Falardeau.
Crépuscule
mercredi 3 novembre 2010
PORTRAIT : Marie-Josée Lamontagne, scripte
Bonjour à tous nos fidèles lecteurs et lectrices!
Mon nom est Marie-Josée Lamontagne et je vous présente aujourd’hui le deuxième poste que j’occupe sur la production Crépuscule : la scripte. La scripte est l’aide-mémoire du film, elle est responsable de tout noter pour chaque scène et de s’assurer que les raccords soient respectés entre les plans. Dans un monde idéal, les scènes et les plans d’un film sont tournés dans l’ordre chronologique pour éviter les problèmes de raccord. Mais c’est rarement le cas et il faut souvent tourner dans le désordre et raccorder tout ça au montage par la suite, d’où l’importance de toujours garder en tête le film dans son ensemble et d’avoir un bon sens de l’observation. Lorsque nous tournons par exemple un plan où le personnage marche et sort de l’écran, il s’agit alors de se demander : quel est le plan qui vient avant et celui qui vient après? Dans quelle position le personnage se trouve-t-il exactement dans le plan précédent et est-ce que tous les éléments de décor sont placés de la même manière? C’est la magie du montage que de créer un ensemble cohérent à partir de plusieurs morceaux éparpillés. C’est comme faire un casse-tête sans avoir l’image finale comme référence sur l’endos de la boîte.
« Ce qui est beau au cinéma, ce sont les raccords, c’est par les joints que pénètre la poésie »
- Robert Bresson
Tout grand film a son lot de faux raccords. Que ce soit dans Apocalypse Now de Francis Ford Coppola ou encore Edward Scissorhands de Tim Burton, les faux raccords sont partout, moindrement qu’on exerce son oeil à les trouver. Même le grand maître Stanley Kubrick n’est pas à l’abri des ratés de la continuité cinématographique. Mentionnons seulement The Shining où plusieurs détails ont souvent échappé à l’oeil des quelques cinquante personnes présentes sur le plateau. Ce qui est merveilleux dans tout ça c’est que l’erreur est humaine; elle n’est pas assujettie à la grosseur du budget. Certains films à gros budget peuvent nous présenter plusieurs erreurs parfois assez novices alors que certains films indépendants peuvent être presque sans faille à ce niveau. Le plus important c’est que le spectateur soit tellement pris par l’histoire racontée qu’il n’en voit plus les défauts qui forment sa carcasse, que les erreurs lui passent sous le nez sans qu’il s’en aperçoive. C’est ici que la continuité dramatique prend tout son sens. Elle concerne plus l’aspect psychologique des personnages, la progression de leurs sentiments à travers les épreuves, la cohérence de l’histoire racontée. C’est d’abord et avant tout au scénariste de construire son univers et de s’assurer que tout concorde au niveau de la structure de l’histoire et de la psychologie des personnages. Au tournage, la scripte s’assure surtout de la continuité technique, mais elle doit aussi rester en alerte de toute incohérence dramatique qui pourrait surgir. Une histoire et une conception artistique solides, voilà ce qui fait qu’un film laissera sa trace. C’est sans doute pourquoi malgré toutes leurs erreurs techniques, des films tels que The Shining, Apocalypse Now et Edward Scissorhands restent des oeuvres magistrales qui continuent de marquer notre époque.
Le métier de scripte est un travail de moine qui nécessite un certain perfectionnisme et un certain amour du détail. Il faut surtout assister le réalisateur du mieux qu’on peut afin qu’il puisse se concentrer entièrement sur le jeu des acteurs. La décision finale de couper ou de garder telle ou telle prise revient toujours au réalisateur. Il se peut que certaines prises soient gardées au montage même s’il y a des erreurs de continuité simplement parce que le jeu des acteurs est meilleur ou pour toute autre raison. Il faut alors accepter que le film ne sera pas parfait. En fait, on termine rarement un film, on l’abandonne plutôt avec toutes ses imperfections. Le film est une oeuvre vivante, profondément humaine qui prend le pouls de son époque tout en l’influençant à sa manière.
Merci de votre assiduité à nous lire et à bientôt!
Marie-Josée Lamontagne
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