Crépuscule

Crépuscule

mardi 10 août 2010

Portrait et mot du réalisateur (note d'intention)



NOTE D'INTENTION

«Désespérer de soi, désespéré, vouloir se défaire de soi, telle est la formule de tout désespoir, et la seconde : désespéré, vouloir être soi-même, se ramène à elle, […] au désespoir où l’on veut être soi, celui où l’on refuse de l’être. Qui désespère veut, dans son désespoir, être lui-même.»
Soeren Kierkegaard, Traité du désespoir

Nous avons tous à un moment de notre vie ardemment souhaité être quelqu’un d’autre. Ce sentiment est majoritairement passager, rarement constant, mais toujours symptomatique d’un mal-être. Pour certaines personnes, cette douleur intérieure peut aisément devenir un désir les consumant de l’intérieur au point de se détester. Qu’arrive-il lorsque ce désir est si puissant qu’il nous pousse au désespoir? Est-il possible de se perdre dans ce désir au point de devenir l’artisan de notre propre destruction? Une chose est certaine, lorsque plus rien n’a de sens, même notre propre existence, lorsque le désespoir nous assaille, qu’est-il permis d’espérer? Quels gestes sommes-nous prêts à poser pour sortir de cet état? Et que perdons-nous au cours de ce processus douloureux?

Le film aborde sombrement le thème de la perte de l’innocence; un thème souvent associé à l’éveil corporel, et ce, aux niveaux social (passage de l’enfance à l’âge adulte), religieux (le paradis perdu et Adam et Ève) et individuel (la prise de conscience de sa propre corporalité). Le rapport au corps est donc au centre du film puisque la perte de l’innocence est ici liée à la découverte de la sexualité et de la différence.

Et pourquoi l’animation? L’animation est un genre fortement associé à une certaine forme de naïveté, à l’enfance, à l’innocence. D’une part, le cinéma d’animation crée instantanément un espace propice à la mise en place d’un univers différent, poétique et fantastique. D’autre part, cette perception du cinéma d’animation rejoint directement la situation des personnages et les thématiques du film. La violence commise par les Êtres est dénuée de malice, elle est à la fois une réaction à la violence défensive du couple d'humains et une tentative de prendre possession de ces corps qu’ils aimeraient tant avoir. Il y a quelque chose d’enfantin dans leurs actions et réactions. Ils découvrent, ils jouent et ils cassent leurs «jouets». Il y a un aspect très tragique dans cet excès de violence imprévue et incontrôlable.

La majorité de mes films traite d’une douleur d’être soi-même, de l’échec d’être un autre et des tentatives futiles déployées pour y parvenir. À travers Crépuscule, je désire susciter chez le spectateur une réflexion sur son humanité, sur ses choix, sur sa douleur d’être humain, mais également sur le caractère unique et privilégié de notre condition. Par le biais de ces créatures, je désire également provoquer une réflexion sur l’envie et sur la portée irréversible de nos actes. Lorsque le point de non retour est franchi, lorsque la douleur nous pousse à agir au-delà de nos intentions, même les remords et la honte ne peuvent effacer nos actions.


BIOFILMOGRAPHIE

Je suis titulaire d’une maîtrise en études cinématographiques obtenue à l’Université de Montréal. Outre mes activités d’enseignement et mon travail d'archiviste, je réalise des courts-métrages qui ont été projetés à la télévision et dans des festivals en France, en Espagne, en Allemagne, en Suisse, en Italie, en Afrique du Sud, en Slovénie, en Hongrie, en Angleterre, aux États-Unis, au Brésil et au Canada.

J’ai co-réalisé une trentaine de courts-métrages avec Benoît Lemire dans la cellule Kino-Hull avant de tourner mon premier film, La petite mort (récipiendaire du prix du jury au festival Spasm 2006). Je participe sporadiquement à des productions indépendantes à titre de directeur photo.

En 2008, Coming Home a remporté le prix Coup de cœur du jury lors de la 18ième édition de Vidéaste Recherché-e à Québec. Ce prix est assorti d’une bourse de 10 000$ en service de post-production, gracieuseté du programme ACIC de l’Office National du Film du Canada (ONF). En 2009, j’ai remporté trois autres distinctions pour Coming Home : Meilleurs effets spéciaux au FAMFestival (Johnstown, Etats-Unis), Mention Spéciale du jury au Cryptshow Festival (Badalona, Espagne) et Premio San Gio Giovani Miglior Video au San Gio Video Festival (Vérone, Italie). Cette année, Le cycle a remporté deux prix.

Je travaille actuellement sur mon premier long-métrage (Thanatomorphose).

En tant que réalisateur, je crois fermement avoir développé au fil des mes projets une esthétique propre. Mes thèmes de prédilection sont sans contredit le rapport amour/haine à soi-même, la corporalité, la matière et la durée. Il découle de ses points d’intérêt un langage particulier basé sur le plan-séquence (durée) et la matérialité de l’image (la granularité du super 8mm). J’aime explorer le rapport au corps et la place de l’acteur est très importante dans mes films (le plan-séquence est ici encore très utile). Ces zones d’intérêt inscrivent ma pratique dans le cinéma de genre, mais avec une approche d’auteur.

Crépuscule s'inscrit dans une démarche amorcée dans mes courts-métrages précédents et mes études supérieures (mon mémoire portait sur le rapport au corps dans le cinéma d’horreur). Ce film s’annonce très violent, sans concession, dur et pessimiste, car j’y aborde la question de la différence et de la mort de l’innocence. Le titre, Crépuscule, suggère d’ailleurs la fin – sombre - d’une ère, d’un moment (le jour, mais aussi le crépuscule des dieux de la mythologie scandinave).

Ci-dessous, deux bandes annonces et l'un de mes courts métrages.

COMING HOME : Teaser from ThanatoFilms on Vimeo.



THANATOMORPHOSE : PROMO TEASER (HD) from ThanatoFilms on Vimeo.



PURGATORY from ThanatoFilms on Vimeo.



Bon visionnage!
Éric Falardeau

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